Comment Blender est devenu incontournable dans l’industrie 3D ?
- Mis à jour le : 9 février, 2025
Blender : le petit logiciel gratuit qui monte, qui monte...
Dans le monde très fermé de la 3D, il y a encore quelques années, prononcer le mot « Blender » dans un studio professionnel pouvait susciter des sourires gênés. Un logiciel gratuit et open source capable de rivaliser avec les mastodontes de l’industrie ? La blague.
Pourtant, en 2025, force est de constater que le paysage a radicalement changé. Les plus grands noms de la tech comme Apple, AMD, ou encore Meta investissent massivement dans le développement de Blender. De plus en plus de studios, petits et grands, l’intègrent dans leur pipeline de production.
Cette évolution n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte d’une stratégie bien rodée, portée par la Blender Foundation et sa communauté. Une ascension qui, selon son fondateur Ton Roosendaal, marque un tournant décisif pour l’industrie.
« Blender fait désormais partie de l’industrie — on pourrait même dire qu’il est en passe de devenir un standard. »
Dans cet article, nous allons explorer les coulisses de cette transformation. Comment un logiciel libre a-t-il réussi à gagner la confiance des plus grands acteurs de l’industrie ? De l’adoption par les studios jusqu’au succès du film Flow, découvrons comment Blender est passé au niveau supérieur.
Sommaire
Les trois étapes d'une révolution silencieuse
1. L’adoption croissante par les grands studios
Vous êtes artiste 3D et vous utilisez Blender ? Votre choix de logiciel, peut-être autrefois critiqué, est aujourd’hui validé par les plus grands noms de l’industrie. Ce n’est pas moi qui le dis, mais le récent rapport annuel de la Blender Foundation, qui confirme une tendance que beaucoup d’entre vous ont déjà remarquée.
Concrètement, qu’est-ce qui a changé ? Les versions 3.5, 3,6 LTS et 4.0 ont apporté des fonctionnalités que les studios n’avaient plus d’excuse d’ignorer : light linking professionnel, simulation nodes puissants, performances de rendu optimisées… Si ces termes vous sont familiers, vous savez à quel point ces ajouts étaient attendus.
Mais le plus intéressant n’est pas là. Ce qui fait vraiment la différence, c’est que les studios qui adoptent Blender contribuent directement à son amélioration. Un bug qui vous agace au quotidien a de fortes chances d’embêter aussi un grand studio… et donc d’être corrigé plus vite ! C’est l’avantage d’un logiciel qui progresse grâce à ceux qui l’utilisent vraiment.
Pour vous donner une idée de l’ampleur du phénomène : au SIGGRAPH 2023, le stand Blender a littéralement fait sensation avec son mur LED géant, attirant des milliers de professionnels. Une scène impensable il y a quelques années, quand on devait encore justifier l’utilisation d’un logiciel gratuit en production.
Bien sûr, tous les studios n’ont pas encore sauté le pas. Certains secteurs, notamment ceux avec des exigences réglementaires strictes, restent prudents. Mais pour les utilisateurs de Blender, c’est une excellente nouvelle : l’expertise du logiciel devient chaque jour plus recherchée sur le marché du travail.
2. L’explosion de la communauté Blender
Si les studios professionnels ont changé leur regard sur Blender, ils ne sont pas les seuls. La communauté a littéralement explosé ces dernières années. Le site blender.org accueille désormais 30 millions de visiteurs uniques par an. C’est comme si la population entière du Canada venait chercher de l’aide, des ressources ou des mises à jour sur le site. Pas mal pour un logiciel qu’on qualifiait encore d’ « amateur » il y a quelques années.
Plus impressionnant encore : près de 10 000 utilisateurs simultanés ont été enregistrés sur Steam en début d’année 2024. Si vous vous demandez pourquoi Steam, c’est simple : les professionnels l’utilisent pour avoir une version stable et des mises à jour automatiques. Fini les prises de tête à devoir jongler entre trois versions différentes de Blender sur son PC…
La communauté ne fait pas que consommer, elle contribue également. En 2023, 230 développeurs externes ont proposé des améliorations au code de Blender. Et pas uniquement des corrections de bugs : 50 % des nouvelles fonctionnalités sont validées et intégrées en moins de deux semaines.
Cette croissance a un impact significatif sur votre utilisation quotidienne du logiciel : plus de ressources disponibles, plus de solutions aux problèmes techniques, et surtout, plus d’opportunités professionnelles. Un parfait exemple de cette évolution ? Le film d’animation Flow !
3. Le succès du long métrage Flow
Vous l’avez vu : adoption massive par les studios, explosion de la communauté… Mais en 2024, c’est un long métrage qui vient définitivement confirmer que Blender n’est plus le « petit logiciel gratuit » d’autrefois. Flow, récompensé par un Golden Globe et deux nominations aux Oscars, prouve définitivement que Blender est capable de porter des projets ambitieux.
Le plus fascinant ? L’intégralité du film a été rendue avec EEVEE, le moteur en temps réel de Blender. Résultat : chaque image en 4K n’a nécessité que 0,5 à 10 secondes de rendu. Si vous avez déjà attendu des heures pour rendre une simple animation, vous mesurez l’exploit technique.
Mais ce n’est pas qu’une prouesse technique. Le réalisateur Gints Zilbalodis a fait un choix audacieux : exploiter les « limitations » d’EEVEE pour créer un style visuel unique, à mi-chemin entre l’animation traditionnelle et l’esthétique des jeux vidéo. Une approche qui a conquis le jury de Cannes, où le film a été présenté dans la section « Un Certain Regard ».
Plus étonnant encore, et cela confirme tout ce que nous avons vu précédemment sur l’accessibilité du logiciel : la transition de l’équipe vers Blender s’est faite en un temps record. Une preuve éclatante de l’accessibilité du logiciel, même pour des professionnels habitués à d’autres outils.
« De nombreux animateurs de Flow ont mis moins d’une semaine pour passer à Blender. »
Finalement, Flow n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il illustre comment Blender s’est fait une place de choix dans l’industrie 3D, et ce n’est probablement que le début. Les temps où il fallait investir une fortune dans un logiciel 3D semblent déjà bien loin…
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À propos de l’auteur
Diplômé d’un master en informatique, j’ai adopté Blender comme mon terrain de jeu favori depuis 4 ans. Quand je ne suis pas en train d’explorer Blender ou de regretter mes années Xbox, je tente d’apprendre l’italien à Turin. Et, spoiler : la 3D, c’est plus facile !
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